Une action modifiant l’intégrité des biens d’une personne ou d’une institution peut-elle être non-violente ?
De grand coeur, j’accepte la devise : « Le gouvernement le meilleur est celui qui gouverne le moins » et j’aimerais la voir suivie de manière plus rapide et plus systématique. Poussée à fond, elle se ramène à ceci auquel je crois également : « que le gouvernement le meilleur est celui qui ne gouverne pas du tout » et lorsque les hommes y seront préparés, ce sera le genre de gouvernement qu’ils auront.
Est-il bien utile de redire mon agacement à la lecture, publication après publication, livre après livre, des œuvres des historiens et des journalistes qui reviennent, à plume jamais sèche, sur l’illégalisme anarchiste ou sur les exploits pétant et fumant de notre période « explosive » ? L’anarchisme ne serait-il que cela ? Loin de moi l’idée de rejeter dans un enfer quelconque illégalistes et terroristes, notre Ravachol christique, Emile Henry et les autres, notre bande à Bonnot, originale entreprise en son temps, ou l’admirable Alexandre Marius Jacob. Ils font partie intégrale de notre histoire, ils sont nôtres. Comme sont nôtres tous ceux qui prennent les armes contre l’injustice.
« Stimuler la réflexion concernant les implications révolutionnaires de la non-violence » : on ne saurait mieux définir l’ambition du présent travail. On nommera ici révolutionnaire la perspective d’une transformation radicale des rapports sociaux (et écologiques) en vue de plus de justice.
Pour modifier les comportements, il faut connaître leurs déterminismes et compter sur la relative imprévisibilité de notre imagination, mais pas sur une liberté métaphysique probablement illusoire
Monsieur le PrésidentJe ne veux pas la faireJe ne suis pas sur terrePour tuer des pauvres gens
« Devenezvousmeme.com » : l’armée de terre française, qui se flatte d’être le premier recruteur de France — 14 000 à 15 000 emplois remis en jeu chaque année — lance une campagne 2010-12 qui a pour ambition de « révéler la transformation positive de l’individu », sur fond de treillis et de camouflage (« le territoire graphique des jeunes »), de stratégie « drive-to-web » (les affiches et spots radio-télé drainant vers un nouveau site de recrutement en ligne) : le tout dans le but de faire découvrir la condition militaire (grandeurs et servitudes), et un métier qui comporte jusqu’à quatre cents spécialités…
Une question revient de temps à autre, comme une provocation : « Pourquoi est-ce toujours aux opprimés que l’on conseille la non-violence ? Ne faudrait-il pas d’abord la prôner aux oppresseurs ? » Tout d’abord, convient-il de « conseiller la non-violence » aux opprimés ? Il importe de ne pas se positionner en donneurs de leçons car les conseilleurs ne sont pas les payeurs. Convient-il ensuite de « prôner la non-violence » aux oppresseurs ? En réalité, peut-on jamais imaginer un oppresseur non-violent ? Certes, si les oppresseurs se convertissaient à la non-violence, il en serait à jamais fini de l’oppression. Mais pareille hypothèse relève de l’idéalisme le plus pur et ne sert à rien pour appréhender la réalité.
Initialement conçue en 1945 pour devenir l’institution chargée de la veille intellectuelle au sein du système des Nations unies, cette organisation avait un objectif des plus nobles : « Les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes qu’il faut élever les défenses de la paix. » Pour y parvenir, ses fondateurs préconisaient l’intensification des échanges libres en matière d’éducation, de science, de culture et de communication, afin d’atteindre une paix fondée sur un « idéal démocratique », dans le respect de la diversité culturelle de chaque pays.
Le contrôle social est impossible sans violence. Pour socialiser les individus - les transformer en ressources utiles pour la société- la société produit des systèmes de violence rationalisée. Tandis que certains de ces systèmes, comme l’armée, la police et le système pénal peuvent toujours être vus séparément en raison de la rudesse flagrante de leur violence, pour la plupart, ils sont devenus si inter-connectés et si pénétrants qu’ils agissent comme une totalité - la totalité qu’est la société dans laquelle nous vivons.
Stockholm — Les dépenses militaires mondiales ont atteint l’an dernier le montant record de 1464 milliards de dollars, les Etats-Unis s’adjugeant de loin la plus forte part du total, rapportait hier l’Institut international de recherche pour la paix de Stockholm (Sipri).