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et ils appellent ça une épicerie sociale ??
L’apprentissage de la précarité est long et fastidieux, comme tout apprentissage d’ailleurs, mais une fois les comptes faits, le budget prévisionnel est clair et il devient vite impossible de vivre, survivre sans mettre les pieds dans des "organisations dites sociales". Cependant, après un an de "fréquentation", je maintiens haut et fort, qu’il est indispensable de ranger sa fierté dans sa poche, mais surtout pas sa dignité.
Il y a donc bientôt une année entière que j’apprends à vivre avec la moitié du seuil de pauvreté soit 14.94 €uros/ jours, soit une moyenne de 450 €uros par mois. Le budget prévisionnel que j’avais fait avait indiqué clairement qu’une fois payées toutes les charges, il ne me reste pour vivre que 25 €uros maximum par mois, y compris pour l’alimentation. J’ai donc cherché les "alternatives".
Les expériences sont diverses et multiples et je reste plus que jamais convaincue que les véritables solutions ne sont toujours pas mises en place alors qu’elles existent (jardins collectifs etc).
Cependant, une des expériences les plus négatives que j’ai pu faire concerne une épicerie sociale du coin.
Tout d’abord, vous devez vous inscrire et apporter tous vos documents officiels : revenus des assédics pour les ass ou la caf pour le rsa (rmi avant) ; les charges, feuilles d’imposition, justificatif de domicile afin de vérifier que vous pouvez "bénéficier" de ce genre d’épicerie dite "sociale".
Puis, lorsque votre pauvreté a été reconnue il vous faut commencer par payer une adhésion d’un peu plus de 7 euros pour avoir le droit d’acheter.
Une chose surprenante, c’est que souvent les rayons et les congélateurs sont vides et vous avez donc fait une cinquantaine de kilomètres pour revenir bredouille.
Une bonne partie des produits sont souvent identiques à ceux distribués par les restos du coeur, des restes et/ou des dons des supermarchés ou de la banque alimentaire ; aucun légume ni fruit frais, très peu de produits d’hygiène et absolument rien pour les animaux de compagnies.
En plus, il n’y a absolument aucun prix affiché, vous ne pouvez donc jamais savoir le montant que vous allez devoir payer quand vous serez enfin à la caisse. De toute évidence l’obligation d’afficher les prix et les lois de protection des consommateurs n’ont pas lieu d’exister dans ce genre d’endroits.
Une des particularité c’est le temps d’attende pour passer à la caisse qui s’élève très facilement à plus d’une heure et demi alors qu’il n’y a que 6 personnes devant vous à attendre.
Vous donnez votre numéro de clientE et vous payez ce que j’appellerai la "surprise" du jour.
Il m’est arrivé d’avoir une surprise encore plus désagréable, c’est d’avoir été interpellée devant de parfaits inconnus sur l’origine de mon nom de famille. Imaginez-vous un peu lorsque vous payez à la caisse d’un magasin, de voir l’employée lire votre nom sur votre chèque ou votre carte et à haute voix vous demander vos "origines" !!!
De toute évidence, la précarité entraine une sorte d’autorisation automatique de non respect de votre vie privée, il va sans dire que je n’ai vraiment pas apprécié.
Une fois rentrée, il m’est arrivée à chaque fois de vérifier les prix afin d’évaluer le cout réel et là c’était vraiment de très grandes surprises.
j’étalais le contenu de mon panier sur la table et je prenais les éléments un par un afin de connaître les prix pour la prochaine fois.
la première constatation fut que j’avais payé des aliments que je n’avais pas du tout acheté, le nombre et la dénomination des produits ne correspondait absolument pas.
la seconde, fut que le poids des aliments n’était pas correcte, pour 4 sachets d’aiguillettes de canards aux champignons de chacun 350 grs je me retrouvais avec un poids total de 2 kg or 350 x 4 = 1400 gr soit 1k400.
la troisième fut qu’un des rares congélateurs où il y avait un prix de 3.60 €uros indiqué à l’intérieur sur un carton d’emballage gris (l’hygiène serait-elle aussi tabou pour les précaires ??) ; ce prix fut introuvable sur mon ticket, par contre j’avais bien 4.60 €uros pour 2 kg que je n’avais pas prix.
et enfin le dernier élément, concerne un litre de shampoing aux oeufs, que j’achetais parfois dans l’intermarché du coin pour un prix inférieur à 1€uros. Après vérification du ticket une fois arrivée à la maison, je me suis rendue compte que ce litre de shampoing premier prix m’a été facturé 1.30 €uros. Une voisine du village proche de chez moi a eu la gentillesse de vérifier l’après midi même à ma demande le prix exact vendu chez intermarché et en fait, ce même shampoing est vendu à 0.42 €uros la bouteille d’un litre !!
Cette expérience personnelle de cette épicerie est néfaste et négative, je suis dégoutée de voir que des organisations qui seraient soit disant "sociales" et qui bénéficient très certainement de subventions pour oeuvrer, manquent totalement de respect aux personnes qui sont dans la nécessité mais en plus les arnaquent purement et simplement !!
Il n’est plus question pour moi d’y remettre les pieds, mais je me demande combien de personnes vivent ce même genre d’expériences, combien s’enferment un peu plus dans leur misère écoeurés et dégoutés, combien sont offensés dans leur dignité ; mais aussi combien se plient et acceptent d’être abusés et arnaqués en pliant la tête sous le poids de la culpabilité d’être pauvre ???
Les organismes dits "sociaux" servent-ils uniquement à vider les poubelles des aliments industriels distribués par les supermarchés ??
Leur rôle est-il donc uniquement de faire les poubelles à notre place et de nous faire payer pour cela ?
autant aller faire les poubelles soit même : c’est bien plus honnête et bien plus digne !!
anik
Articles de cet auteur
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et ils appellent ça une épicerie sociale ??31 décembre 2009, par michaelo
Ce qui est dramatique, ce n’est pas le contenu en lui-même que je ne remets pas en cause, mais le fait que pour les PAUVRES, il n’y a que les VALEURS qui restent (dignité etc...). En fait, c’est la magouille des bien-nés(ées) que de vous laisser avec seulement celles-ci. Pendant ce temps-là, ils s’en mettent plein les poches ! sur votre dos.
L’économique doit être au service du Citoyen , pas l’inverse .Et l’argent n’est qu’un moyen ; pas un but en soit. C’est là que le "bât blesse" . Sachez que ce monde du pouvoir par l’argent ne pourra jamais vous enlever les VALEURS , le SENS des mots que vous avez, mais parlons en autour de nous car chacun(e) est à même de comprendre ( nous sommes tous intelligents), et puisque le système est fait pour se perdurer ( ce qui fait qu’il y a des profiteurs avec "après moi le déluge" ( on s’en fout des autres tant que je ne suis pas touché moi-même), luttons avec les mêmes moyens que eux : dénoncer (l’ Etat vient de le faire avec les contribuables car ce qu’il se permet nous permet de le faire aussi .Regroupons-nous et ne laissons pas nous faire embrigader par les autres ( qui savent comment faire pour qu’ils ne le soient pas eux-mêmes). En tous les cas, suite à votre article, je vais vérifier vos allégations où j’habite. -
et ils appellent ça une épicerie sociale ??28 décembre 2009, par jean-yves pernot
il y aura toujours des f... de p... pour achever les plus pauvres...Je vais aux " restos du coeur" ,et j’ai la chance d’être tombé sur une équipe réellement préoccupée d’aider les gens.Qu’est-ce qu’on attends pour nous révolter,pourquoi restons nous si silencieux,pourquoi courbons-nous le dos ?...Et croyez-moi,celà n’ira pas en s’améliorant !
j’avais espéré une révolte massive,après les troubles de la réunion,et il n’y a eu que l’explosion de la précarité.Juste le bruit d’un pétard mouillé.Aurions-nous baissé les bras ?Serions-nous si lâches que nous n’oserions plus marcher la tête haute ? AURIONS NOUS HONTE D’ETRE PAUVRES ???-
et ils appellent ça une épicerie sociale ??29 décembre 2009, par Henri
C’est effectivement révoltant, et même si je suis moi-même dans l’humanitaire, je ne suis qu’à moitié étonné. Ceci dit, la chose la plus utile aurait été de nous dire où était cette épicerie sociale, dans quelle ville elle se trouve. Quand les sociétés de consommateurs dénonçaient autrefois certains magasins sans les nommer, ils pissaient dans un violon, ils s’en sont rendu compte, et ont rectifié le tir.
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