
Naissance de la bonne conscience coloniale
Dans un essai rigoureux, Jennifer Pitts expose d’abord les critiques acerbes que des penseurs britanniques tels Adam Smith, Jeremy Bentham et Edmund Burke formulent à l’égard de la domination impériale de l’Inde par la Grande-Bretagne à la fin du XVIIIe siècle. Puis elle analyse le glissement progressif de la pensée libérale qui, sous l’influence de philosophes comme John Stuart Mill, réduit les autres civilisations du monde au rang de peuples « arriérés » et « barbares ». Bientôt c’est Tocqueville, penseur de la démocratie, qui se fait le promoteur de la colonisation de l’Algérie par la France.
La régression est si manifeste qu’au milieu du XIXe siècle, des deux côtés de la Manche, pratiquement plus aucun intellectuel n’est prêt à élever la voix contre un système qui spolie et massacre les peuples indigènes aux Indes, aux Amériques, en Algérie…
En remontant aux sources intellectuelles de la bonne conscience coloniale, Jennifer Pitts apporte une contribution essentielle à la compréhension de la première mondialisation si brillamment analysée par C. A. Bayly dans La naissance du monde moderne (Le Monde Diplomatique/Éditions de l’Atelier, 2006).
Jennifer Pitts est professeure d’histoire à l’université de Chicago aux États-Unis. Elle a également traduit et publié en anglais une sélection d’écrits de Tocqueville sur l’empire et l’esclavage.
Michel Cordillot, traducteur de cet ouvrage, est professeur de civilisation américaine à l’université Paris VIII. Il a notamment publié La Sociale en Amérique, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier francophone aux États-Unis (1848-1922) (Les Éditions de l’Atelier, 2002).
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