
Réponse au cadeau empoisonné de Bertrand Cantat via le téléchargement libre Je te salue Marie...
Encagé pendant vingt ans dont dix en quartier d’isolement dans des conditions très dures, Jean-Marc Rouillan, co-fondateur du groupe terroriste Action directe, bénéficiant il y a quelques semaines d’une semi-liberté, est retourné en prison pour avoir accordé une interview à un journal où « il ne traitait pas de ses assassinats, mais de son interdiction de s’exprimer et des raisons de cette interdiction ». Jean-Marc Rouillan muselé au silence a préféré les murs plutôt qu’une parodie de liberté.
Bertrand Cantat, leader charismatique du groupe Noir Désir a tué sa compagne Marie Trintignant, décédée sous la brutalité de ses coups, en 2003. Sa peine de huit ans d’emprisonnement s’est muée en libération conditionnelle au bout de quatre ans. Pour cause de bonne conduite. Depuis quelques jours, il ouvre sa bouche et propose deux titres en téléchargement libre. Véritables hameçons pour tester son retour sur les étals des magasins et sur scène.
L’un chante et l’autre pas...
Pourtant la faucheuse était au rendez-vous dans les deux cas.
La vie d’un patron vaut-elle plus chère que celle d’une comédienne talentueuse ?
Curieuse justice.
Ah ! oui, vous allez arguer que la différence réside dans le fait que Bertrand Cantat ne voulait pas tuer Marie Trintignant. Que l’acte n’était pas prémédité. Mais lorsque l’on frappe une femme, on s’expose également à devenir un criminel. La preuve. Sinon on calme ses nerfs en massacrant les murs.
Le malaise est bien là..
Dans l’acceptation et l’évidence que l’on peut cogner une femme. Impunément. Les affres d’un couple sont supposées relever de l’intimité.
Les violences conjugales ont encore de beaux jours devant elles...
Et la passion a bon dos. « Excusez-moi, c’était un accident ! »
Comme l’être humain est fleur bleue, prêt à justifier l’intolérable pour des raisons de coeur.
Mais impitoyable, pour les engagements et clairvoyances politiques.
Pourtant, l’un se bat pour changer la société.
_L’autre prêche pour sa chapelle et sa tirelire.
Et même si je ne cautionne nullement la violence employée par Jean-Marc Rouillan, j’ai plus de respect pour lui. Il n’a jamais trahi ses idées.
Aujourd’hui, la machine industrielle du disque se met en marche. Nauséabonde. Comme Bertrand Cantat doit « s’abstenir de diffuser tout ouvrage ou oeuvre audiovisuelle dont il serait l’auteur ou le co-auteur », le mirage mercantile est bien enveloppé : les deux titres sont signés par d’autres et ils sont offerts.
Quel cadeau empoisonné ! ... car caché sous l’iceberg, se profile l’agenda implacable du grand retour de Noir Désir sur scène paré du tiroir caisse qui tintinnabule. Il y a comme un relent indécent dans cette stratégie d’épicier. N’en déplaise aux « fans » qui devraient se poser des questions sur la fascination récurrente qu’exerce sur eux le groupe à nouveau sur pied.
Comment peut-on envisager redonner une virginité à Bertrand Cantat en occultant le spectre de Marie ? ...
La douleur et le manque pour sa famille, ses proches, ses amis ne se cicatrisent pas en chansons. Et une tournée Noir Désir, avec affiches placardées et tout le toutim, relève de l’indécence voire de la provocation.
La loi autorise Bertrand Cantat à chanter. Tant mieux pour lui.
Ce qui m’interpelle est qu’il ait encore envie de chanter..
Vous me répondrez que c’est son métier et qu’il faut bien nourrir la famille. Depuis quand, les bons musiciens ont-ils besoin d’une locomotive pour exister ?
Tous les « accidentés » de la vie que j’ai pu rencontrer étaient traumatisés. Rien ne pouvant plus être comme avant, ils effectuaient un virage à 360 degrés en changeant de direction.
Observez ces queues interminables de licenciés économiques, authentiques « accidentés » de la vie que l’on oblige à pointer régulièrement à l’ANPE et auxquels on propose des recyclages éloignés de leurs aspirations. Aux antipodes de leurs désirs. Au bout de deux propositions d’emploi refusées, ils sont virés et finissent au RMI ou à la rue.
Eux, n’ont pas le choix.
Bertrand Cantat lui l’a. Au moins, celui de se taire.
Question d’éthique.
Un jour, une jolie fée, émancipée et joyeuse comme l’air, a rencontré un beauf déguisé en chanteur engagé. Sa voix s’est tue. A jamais.
Elle a payé très chère sa liberté.
Sale destin.
Je te salue Marie.
Publié le 18 novembre 2008 par franca maï
anik
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Réponse au cadeau empoisonné de Bertrand Cantat via le téléchargement libre Je te salue Marie...20 novembre 2008, par anik
Je poste ici une réponse que j’avais rédigée le 25 septembre 2005 à propos d’un autre article sur le même sujet qui pose questionnement sur le crime dit passionnel.
L’être humain est fleur bleue. Il trouve toujours des circonstances atténuantes au crime passionnel -histoire d’amour réputée destructrice- où l’un reste à terre pour l’éternité. Il se contente de justifier sa compréhension sertie de mansuétude par un on ne sait pas, on n’y était pas, on ne peut pas juger, cela relève de l’intime. C’est un accident.
Mes pensées se figent sur le feu couple Marie Trintignant et Bertrand Cantat. Leur nuit tragique d’un mois de juillet 2003.
Mes pensées télescopent également ces milliers de drames domestiques où la femme subit des violences conjugales quotidiennes pour finir par un jour se taire définitivement sous les coups d’un compagnon ou d’un mari, laissant sa cohorte d’orphelins, de blessures irréversibles et de tendresse volée.
La passion amoureuse ayant bon dos, comme une explication suffisante et une compréhension complaisante d’une situation volcanique non contrôlée à un instant donné.
Or, lorsque l’on explore les méandres de cette pseudo passion dévastatrice -souvent à sens unique- et que l’on plonge dans l’abîme de l’âme humaine, on y découvre les tares suivantes : possessivité, jalousie, intolérance mais également alcool, drogue et frustration (liste non exhaustive) Rien qui ne ressemble à de l’Amour.
Mais parce que le cœur a ses raisons que la raison ne comprend pas, l’être humain opère un arrangement avec sa conscience et se contente d’écouter les pulsations de l’organe thoracique.
L’être humain est fleur bleue. Il est prêt à comprendre ce qu’il baptiste par commodité et confort moral un « accident » parce que dit-il, « Il n’était pas présent sur le lieu du drame.
Et que ma foi, la vie continue, la vie doit continuer » Même si l’autre, petit tas d’os calcinés ou bouffé par les vers continue sa lente et irréversible décomposition. Laissant son lot de souffrances et de manque à jamais.
La première anomalie de l’être humain fleur bleue vient du fait qu’il accepte l’idée première, que lors d’une dispute, l’un puisse lever la main sur l’autre. Par énervement ou par colère, tel un automatisme toléré.
Or, cogner pour se faire entendre relève déjà d’une prise de pouvoir sur l’autre. L’intimidation remplaçant le respect. Si la colère ou la rage n’est plus contrôlable. Pourquoi l’azimuté de la boîte crânienne, ne tape-t-il pas sur un mur afin de canaliser sa violence sous-cutanée ? Peut-être se briserait-il le poignet et calmerait-il dare-dare ses nerfs à vif... Oui mais voilà, il se ferait du mal à lui-même. Et c’est là que le nœud du problème réside. Il veut faire du mal à l’autre.
Donc, en exerçant ce choix puisque c’est un choix, de diriger le coup sur le corps ou le visage de l’autre, il entame sciemment ou non, le processus de la destruction de ce qui lui échappe, de ce qu’il ne peut pas contrôler. Avec le risque majeur que l’autre ne s’en relève pas.
La parole existant, pourquoi bloquerait-il les mots de sa bouche et utiliserait-il sa force si ce n’est que pour dominer l’autre physiquement en le terrorisant ?
L’être humain est fleur bleue. Toujours prêt à retourner voir les concerts de Noir Désir, en valsant macabrement sur le spectre d’une femme comme si de rien n’était et que le temps s’était suspendu, juste le souffle d’un deuil qu’il estime à deux années. Comme si Noir Désir pouvait toujours être le groupe Noir désir, mythique, écouté et adulé alors que Bertrand Cantat, -voix charismatique du groupe- purge toujours sa peine, derrière les barreaux pour six années encore. Une forme de schizophrénie de l’Art et de son approche. L’écoute dédoublée !
L’industrie du disque qui connaît bien l’être humain fleur bleue capable de tous les compromis pour satisfaire sa nostalgie, sa dose musicale journalière et ses besoins égoïstes s’ébroue dans les eaux malsaines d’une promotion insolente et provocatrice sans tenir compte de la douleur de ceux qui aimaient et aiment Marie. Le tiroir caisse à la main Le bruit des pépites d’or au creux de l’oreille. Le groupe Noir Désir s’est sabordé le jour de la mort de Marie. C’est ainsi. Même si les musiciens n’y sont pas pour grand-chose. Plus rien ne sera comme avant.Le groupe Noir désir en rédempteur est une partition que certains ne veulent pas entendre. Elle sonne faux et elle perturbe les morts.
Le silence serait bienfaisant.
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Réponse au cadeau empoisonné de Bertrand Cantat via le téléchargement libreJe te salue Marie...19 novembre 2008, par Pierre
Bertrand Cantat et Marie Trintignant étaient l’un comme l’autre complètement défoncés ce trite jour. Le drame qui a eu lieu est celui d’un accident de la vie. Si l’un comme l’autre avaient été clairs, il n’y aurait pas eu de baston entre eux. Marie Trintignant n’était pas en reste côté ruades violentes non plus. Je trouve exagéré de traiter Cantat de beauf, à moins de trouver l’équivalent féminin du mot pour Marie Trintignant qui savait aussi donner des coups, dont les médias bien pensant omettent de parler.
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Réponse au cadeau empoisonné de Bertrand Cantat via le téléchargement libreJe te salue Marie...19 novembre 2008, par anik
tu te trompes de sujet : la mort de marie trintignant n’était en rien un "accident de la vie", mais était un crime machiste ni plus ni moins.
elle fait partie des femmes qui meurent de la main d’un homme : elle est morte de sa main et de ses coups et lui il chante !!c’est un grand "classique" concernant les violences des hommes sur les femmes, une des excuses favorité utilisées aussi bien contre les femmes battues, violées, tuées de dire que la femme pratiquement "méritait" par son comportement ce qu’il lui est arrivé.
le meurtre est si facilement oublié entre hommes, car après tout les violences faites aux femmes ne sont que des "accidents".
on a pu le voir aussi dernièrement au parlement, où un député ump qui a assassiné sa maitresse (mère de deux enfants) a eu droit à une minute de silence parce qu’il s’est suicidé suite au meurtre qu’il a commis !!!un meutre ne peut en aucun cas être un accident : c’est un crime.
de plus, le sujet est également de voir le traitement fait aux prisonniers politiques qui sont enfermés à mort, alors qu’un petit chanteur violent et criminel est si rapidement libéré et a en plus des envies de chanter !!
la défonse n’est en rien une excuse, que ce soit par drogues ou par alcool.
pour le reste, va voir les commentaires aussi sur e-torpedo.
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Réponse au cadeau empoisonné de Bertrand Cantat via le téléchargement libreJe te salue Marie...19 novembre 2008, par Pierre
Il ne faut pas mélanger le meurtre tout à fait machiste commis par un député UMP (j’insiste) à l’encontre de sa "maîtresse" et l’accident dont ont été victimes Marie Trintignant et Bertrand Cantat. Les deux derniers étaient dans un état où on ne comprend plus rien de la vie et n’ont pas lésiné réciproquement sur les coups (M.T. était une femme de caractère). Qu’aurait-on dit si c’était Marie Trintignant qui avait cogné plus fort et que Bertrand Cantat soit resté sur le carreau ? Aurait-elle été une glorieuse "féministe" (dans le sens de l’opposition au viril "machiste") ? Elle ne méritait pas ce qui lui est arrivé, pas plus que Cantat. Je les renvoie dos à dos. Ils n’ont pas assumé leur délire noyé dans la défonce. S’ils avaient tenté de résoudre les choses à jeûn tout se serait sans doute passé autrement et nous aurions toujours droit au sourire, à la gaîté et à l’intellligence de Marie. Et Bertrand ne serait pas en souffrance.
De toutes façons, le drame est consommé... Malheureusement.
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Réponse au cadeau empoisonné de Bertrand Cantat via le téléchargement libreJe te salue Marie...23 novembre 2008, par anik
cela ne sert à rien de détourner le sujet et encore plus le regard, voire de faire d’hypothétiques scenarii pour nier les faits et la réalité.
oui en effet, une femme est morte, elle ne sera plus jamais dans la vie des siens, amis, famille, enfants, amants et il se s’agit pas de sacraliser les victimes ça c’est ce que font les politiciens pour manipuler ; il s’agit au contraire de rappeler que la vie est précieuse bien plus que n’importe quelle drogue/alcool/passion/dispute de couple, et ne devrait jamais être éteinte dans la violence.
il s’agit de se souvenir que la violence y compris sous l’usage de stupéfiants ou de soit disante passion ne retire en rien la responsabilité de celui qui retire la vie ou qui l’abime dans la violence.cette femme est morte lors d’une violente dispute conjugale, et aujourd’hui il ne s’agit absolument pas de parler de justice, de condamnations, de prisons cela a été fait par des "professionnels", non aujourd’hui il s’agit de parler de deuil.
cet homme va porter pour le restant de sa vie sa responsabilité directe dans la mort de cette femme et je pense que ses prisons intérieures sont/seront bien pires que celles de l’état.
le fait que ces deux personnes sont/étaient des personnes publiques signifie que le public aussi a un deuil à faire.mais je pense qu’elle sera présente à tout jamais dans son ombre quoi qu’il fasse.
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